Au fond d’une vallée est situé Courcelles…

En contrebas de la Chaussée Jules César, dans la vallée de la Viosne, Courcelles est un petit village de 308 habitants dont les premiers écrits font mention à partir du XIIe siècle.

Des fouilles ont néanmoins permis de mettre à jour des vestiges plus anciens tels qu’une fosse du néolithique contenant des tessons de céramique, des outils en silex et des fragments de parure. Un puits gallo-romain daté du IIe siècle a également été retrouvé au Bois Seigneur (propriété privée), situé sur les hauteurs de la commune.

Tirant son nom du terme latin « corticella » employé pour désigner une petite cour de ferme ou un petit domaine, Courcelles apparaitra successivement sous les noms de Corcella (1100), Curcellis (1127) puis de Courcelles-lès-Boissy (1358).

Au XIIe siècle, les terres de Courcelles font partie de différents domaines.

Une partie d’entre elles appartiennent aux seigneurs de Marines qui ont donné à Courcelles-sur-Viosne ses premières armoiries sous la forme de trois lévriers. Le blason actuel, visible sur les bâtiments de la mairie, représente trois clous de la Passion du Christ surmontés d’un sanglier, et serait quant à lui un dérivé de celui de la famille d’Amours, seigneurs de Courcelles au XVIIe siècle, sur lequel figurait alors un porc-épic.

L’autre partie des terres est propriété de la Comtesse Agnès de Monfort, dame de Meulan. Celle-ci est à l’origine de la reconstruction de 17 églises implantées sur ses possessions du Mantois, du Meulanais et du Vexin, qui avaient été détruites lors des invasions Vikings. Elle s’était en effet promis de les faire rebâtir si son époux Galéran II revenait vivant des croisades en terre sainte. C’est ainsi que l’église de Courcelles-sur-Viosne fut édifiée, son clocher surmonté à l’instar de ceux des 16 autres, d’une flèche de pierre octogonale. Elle est consacrée à Saint-Lucien, premier évêque de Beauvais, et martyr, souvent représenté portant sa tête entre ses mains. Il s’agit par ailleurs d’un des rares exemples d’église à double nef du Vexin.

A l’extérieur, en haut des marches qui mènent à l’église, on peut également voir une Vierge à l’Enfant du XVe siècle.

Quelques centaines de mètres plus loin, le Château (ou Manoir) de Courcelles, qui ne se visite pas, est une bâtisse du XVIIe siècle encadrée par deux tourelles. Deux pavillons de garde visibles de l’extérieur sont intégrés au mur d’enceinte de la propriété.

Adossé à cette enceinte et marquant la limite de la commune, se trouve un joli lavoir bâti sur le cours de la Viosne ; de l’autre côté de la route, un bâtiment d’époque Louis XIII et une ancienne minoterie du XIXe siècle construite sur les fondations d’un vieux moulin datant du Moyen-Age. Celui-ci dépendait de l’abbaye de Saint-Denis dont les émissaires, des moines bénédictins, officiaient dans un monastère situé à l’emplacement de l’actuel château de Montgeroult.

De même que les seigneurs de Courcelles se sont longtemps opposés à ces hommes d’église au sujet de la propriété des terres jouxtant la Viosne, ainsi que des banalités sur le moulin, les villageois de Courcelles, de Montgeroult et d’Ableiges les ont à maintes reprises accusés de s’approprier leurs pâtures et de ponctionner trop d’impôts sur leurs maigres possessions et récoltes. Tant et si bien que l’Eglise même leur donna tort et qu’ils se virent excommuniés.

Quant aux limites mêmes entre les communes de Montgeroult et de Courcelles – qui, probablement du fait de leur proximité géographique immédiate de part et d’autre de la Viosne, firent l’objet d’un proverbe qui voulait qu « entre Courcelles et Montgeroult, il n’y ait pas de quoi planter un chou » – ce n’est qu’en 1690 qu’un arrêté les a clairement établit, tout comme les règles de collecte des taxes sur le moulin.

N’en reste pas moins qu’aujourd’hui encore, les deux villages partagent une seule et même gare.


Pour poursuivre la visite de Courcelles, quoi de mieux que de s’embarquer pour un petit circuit pédestre dans et en dehors du village ; l’occasion de deviner les fermes derrière leurs grands murs ou d’admirer de jolies maisons du début du XXe siècle, mais aussi de profiter de paysages variés constitués de zones marécageuses, de prairies, de champs et de bois.

On ne manquera pas bien sûr d’emprunter une portion de la Chaussée Jules César, le long de laquelle on pourra notamment voir une croix pattée du XIIIe siècle érigée par les Templiers, la Croix Labathe, ainsi que la Croix de la Justice (à propos de laquelle je n’ai malheureusement trouvé aucune information quant à son singulier support qui représente une femme à demi-agenouillée, tenant à la main une couronne et masquant de l’autre ce que j’imagine être ses pleurs).


Je terminerai cette découverte de Courcelles-sur-Viosne par quelques vers composés en 1889 par A. Landrin, instituteur, en préambule d’une monographie consacrée à Courcelles-sur-Viosne et qui débute par ces mots :

Au fond d’une vallée est situé Courcelles

Des collines boisées qui de loin sont fort belles

Lui font une ceinture où j’entends au printemps

Les oiseaux y chanter les délices des champs

La Viosne sinueuse aux froides eaux limpides

Attire sur ses bords les vieux pêcheurs placides…

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