Théméricourt, un nom connu de Rouen jusqu’à la Mer Égée…

En plein cœur du Vexin français, Théméricourt est bien connu pour abriter le siège du Parc Naturel Régional du Vexin.

Ce charmant village de 301 habitants, dont l’on ressent l’âme au travers de petits détails, tient son nom de l’anthroponyme germanique « Theudemar » auquel a été ajouté le suffixe -court qui désigne un domaine.

L’histoire du château

Situé au cœur du village, le château de Théméricourt a été édifié à la fin du XV^e siècle pour le seigneur Philippe de Théméricourt. Bâti en équerre, dans un style classique, il s’organise autour de quatre tourelles coiffées de toits en poivrière. Sur ses façades relativement austères, le seul décor visible est un beau cadran solaire. Le château donne sur un parc à l’anglaise du XIX^e siècle, préalablement occupé par des jardins à la française, ainsi qu’un un étang alimenté par l’Aubette de Meulan.

Parmi les nombreux propriétaires s’y étant succédé, on notera le président du Parlement de Paris et seigneur de Montgeroult, Louis Chevalier, lequel donna à la façade sur parc son apparence actuelle en 1721. Plus récemment, Max du Veuzit, auteure de romans sentimentaux à succès, acquit le château de Théméricourt en 1935.

Mais remontons au XVII^e siècle pour évoquer la destinée hors du commun des frères Maximilien et Gabriel d’Abos, fils du seigneur de Théméricourt. Envoyés très jeunes à Malte auprès de leur oncle le comte de Binanville, ils furent faits chevaliers de l’Ordre à dix-sept ans à peine. Ayant mené avec succès leurs premières expéditions en mer sous la conduite de celui-ci, ils entamèrent une carrière de corsaires et se virent nommés capitaines de vaisseaux avant leurs vingt ans respectifs. Dès 1665, chacun au commandement de son propre navire, ils arpentèrent les mers, traquant ensemble l’ennemi turc dont ils terrassèrent la flotte à plusieurs reprises. Un jour, lors d’un mouillage à Mykonos, ils furent avertis qu’un dénommé Panagotti, de son état marchand d’esclaves, retenait captives plusieurs jeunes femmes, dont une princesse polonaise destinée au harem du sultan Mahomet IV. Les frères d’Abos s’empressèrent de délivrer les prisonnières mais Panagotti, furieux, promit de se venger… Leurs nombreux exploits continuèrent à faire parler d’eux jusqu’à ce que Maximilien soit mortellement blessé lors d’une bataille en mer en 1669. Son cadet Gabriel continua seul à parcourir les flots, fort de la réputation qu’il s’était d’ores et déjà forgée. « Le Fléau des Mers », tel était en effet le surnom, empreint d’une crainte mêlée de respect, que lui avaient attribué ses ennemis. Cependant, fin 1671, son navire pris dans une terrible tempête s’échoua sur les côtes libyennes. Gabriel qui avait survécu au naufrage fût reconnu et fait prisonnier avant d’être conduit auprès du sultan à Andrinople. Ce dernier, toutefois admiratif devant les prouesses accomplies par le jeune homme, lui offrit le commandement de sa flotte ainsi qu’une épouse, à la condition qu’il consente à se convertir à l’islam. Ce à quoi Gabriel se refusa bien entendu. Le destin voulut que Panagotti – notre marchand grec – profita de l’occasion pour rapporter l’épisode de Mykonos au sultan. Face à cette double humiliation, Mahomet IV rétorqua en faisant décapiter Gabriel en novembre 1672. Un mois durant, son corps fut exposé en place publique, assorti de l’épitaphe « le Fléau des Mers est mort ». A tout juste vingt-cinq ans, la légende du Fléau des Mers prenait ainsi fin.

Une dalle commémorative a été installée dans l’église de Théméricourt en mémoire des frères d’Abos qui comptèrent parmi les plus illustres corsaires à avoir croisé en Méditerranée et en Mer Égée.

Le blason de la commune porte pour sa part la devise suivante : « Insigne nomen usque a rotomago ad ægeum mare », un nom connu de Rouen jusqu’à la Mer Égée…

Autre destin tragique, celui du château lui-même.

Jean-Claude Duvalier, fils du dictateur haïtien François Duvalier, dit « Papa Doc » – fondateur de milices connues sous le nom des « tontons macoutes » – avait hérité du statut de président à vie à la mort de son père en 1971. Celui que l’on surnommait désormais « Bébé Doc », accusé d’être lui aussi auteur de nombreux crimes, fut néanmoins amené à quitter le pays en 1986 face à un soulèvement populaire contre son régime dictatorial. L’homme s’exila en France où il mena grand train pendant vingt-cinq ans, entre ses multiples propriétés et autres grands palaces. Il n’habita jamais le château de Théméricourt dont il avait fait l’acquisition dès 1984, mais fut toutefois à l’origine du véritable saccage perpétré en ses murs. Toutes les boiseries anciennes et les planchers furent arrachés, les cloisons abattues et le château dépouillé de l’ensemble de son mobilier… C’est dans cet état lamentable qu’il le revendit au Conseil Général du Val d’Oise en 1992.

Après d’importants travaux de réhabilitation des lieux, le château accueillit le siège de la Maison du Parc Naturel Régional du Vexin français en 1995. Vingt ans plus tard, en 2014, le Musée du Vexin français et une boutique de produits locaux assortie d’une librairie spécialisée ouvraient leurs portes dans les anciens communs du château. Une des salles du musée présente aujourd’hui les collections d’objets de l’art populaire léguées par Roland Vasseur, une des grandes figures du village où il enseigna pendant trente ans. Toute sa vie durant, la préservation du Vexin fut au cœur de ses préoccupations. Il œuvra notamment pour la création du PNR et contribua à la fondation de l’association des Amis du Vexin français. Il fut également l’auteur de plusieurs ouvrages à son sujet. Le musée permet également d’en apprendre plus sur la géologie, l’histoire, la faune et la flore, l’art religieux ou encore le bâti de notre beau territoire.

Visite du village

La paroisse de Théméricourt fut fondée dès 832. Mais l’église Notre-Dame de Théméricourt (M.H) ne date pour sa part que de la seconde moitié du XII^e siècle durant laquelle furent édifiés le transept, la base du clocher et le chœur.

En 1205, elle fut rattachée par l’archevêché de Rouen au prieuré de Saint-Lô, qui l’établit en prieuré-cure. De ce prieuré subsiste encore une ancienne grange aux dîmes du XVII^e siècle. Il s’agit de la bâtisse qui se trouve sur la droite de la place et sur la façade de laquelle on peut distinguer un mascaron qui se trouvait auparavant à l’intérieur de l’église.

La construction de Notre-Dame de Théméricourt s’acheva à la fin du XVI^e siècle avec la réalisation de voûtes d’ogives de style Renaissance commandées par le seigneur Achim d’Abos et l’édification d’un beffroi au-dessus du clocher, portant celui-ci à trois étages (le premier étant caché par les combles).

Fortement délabrée, l’église dut être restaurée en 1836. Après réfection de la charpente, une nouvelle flèche recouverte d’ardoises fut posée, les bas-côtés furent reconstruits avec des plafonds plats en lieu et place des anciennes voûtes.

En 1868 enfin, un portail néo-roman fut installé sur la façade nord.

A l’intérieur de l’église, on retrouve ici et là quelques traces de polychromies anciennes mais des badigeons à la chaux recouvrent la quasi-totalité des surfaces. Ce que l’on remarquera surtout, ce sont les magnifiques clés de voûtes pendantes évoquées précédemment et qui portent les emblèmes d’Achim d’Abos et de ses ancêtres. L’un des bas-côtés accueille des dalles funéraires à l’effigie de Mesnil, seigneur de Théméricourt et d’Achim d’Abos et de sa femme – Dame Denise de Boutigny ou Dame de La Lyre – ainsi que plusieurs plaques commémoratives, dont celle des frères d’Abos. L’essentiel du mobilier occupe la partie méridionale de l’édifice, le chœur et les chapelles latérales. On peut notamment y voir des statues de Saint-Blaise et de Saint-Lô en habit épiscopal mais dont les crosses ont disparu, un retable de l’Assomption qui surmonte le maître-autel et une Vierge à l’Enfant polychromée du XV^e siècle.

Le patrimoine situé aux abords de l’église est très riche. On dénombre à Théméricourt comme partout dans le Vexin, plusieurs croix, de forme et de taille variables, dont la croix de l’Ormeteau-Marie (M.H.) – une petite croix pattée au milieu de laquelle est gravée une seconde croix. Elle date du XIII^e siècle et se serait trouvée à l’origine au croisement avec la RD14. Elle fut déplacée jusqu’à son emplacement actuel au XVIII^e siècle. Devant l’église, on retrouve également un calvaire du XIII^e siècle, sur lequel se dresse la croix de l’ancien cimetière du village qui entourait l’église avant qu’il ne soit déplacé à la sortie du village suite au décret de 1804 qui stipule que tous les cimetières doivent être transférés à l’écart des villes et villages pour des raisons de salubrité. On dénombrera également la croix Boissière ou la croix des Ruelles, situées un peu plus loin.

A l’arrière de l’église, c’est encore une belle statue de la Vierge à l’Enfant que l’on peut découvrir.

Tout près de la place Saint-Lô, on remarque une ancienne bergerie du XIXe siècle qui affiche un style industriel avec ses murs blancs et ses bandeaux et encadrements en brique.

On notera également une belle pompe en fonte de la société sarthoise « Dragor », un modèle très répandu dans le Vexin reconnaissable grâce à son dégorgeoir orné d’une tête de lion, qui outre sa fonction décorative aurait servi à accrocher un seau. Ces pompes à godets, installées majoritairement dans le deuxième quart du XX^e siècle, ne sont pas sans nous rappeler cette époque où les maisons n’étaient pas encore équipées de l’eau courante. Leur système permettait d’atteindre des nappes bien plus profondes que ne le permettait celui des pompes classiques. L’effort à fournir se trouvait par ailleurs nettement réduit grâce à la manivelle venue remplacer les anciennes pompes à main.

En parcourant le village, on croisera aussi une mare-abreuvoir jouxtant un lavoir couvert et son toit à deux pans inversés, tous deux situés à proximité d’un ancien moulin (propriété privée).

De passage à Théméricourt

Visiter la Musée du Vexin français et se promener dans le parc du château

La Maison du Parc, le musée et la boutique sont ouverts toute l’année, à l’exception de la semaine comprise en Noël et le jour de l’An et des week-ends de décembre. Le parc est librement accessible aux mêmes horaires :

du mardi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h,
les samedis de 14h à 18h uniquement
les dimanches et jours fériés de 10h à 19h (fermeture à 18h d’octobre à avril).

Sur place vous trouverez de la documentation touristique, un service de location de vélos électriques (réservation préalable sur le site bikool.fr) et des bornes de recharge pour les 2 roues électriques.

Tout au long de l’année, la Maison du Parc vous propose des expositions, manifestations et ateliers pour toute la famille. Retrouvez le programme complet des activités sur le site du PNR.

Musée du Vexin français
Maison du Parc
95450 Théméricourt
E-mail : [email protected]
Téléphone : 01 34 48 66 00

Se restaurer au Clos du Pétillon

Retrouvez plus d’informations et quelques photos de ce très bons restaurants sur ma page dédiée aux bonnes tables du Vexin.

Découvrir les saveurs du Vexin

La boutique de la Maison du Parc : huiles, moutardes, biscuits, miel… (voir ci-dessus pour les horaires d’ouverture)
La ferme brasserie La Bière du Vexin : adhérente à la marque « Valeur Parc » et multi récompensée pour ses bières brunes, blondes, blanches, ambrées ou au miel, la ferme brasserie vous accueille dans sa boutique les samedis et dimanche de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h00. Produits locaux également disponibles.

Séjourner à Théméricourt

Le domaine de la Croix du Vexin : 2 suites avec sauna et/ou spa privatif. Tarif week-end, veilles de jours fériés et jours fériés 299 € / nuit (petit déjeuner inclus), tarif semaine 220 € / nuit (petit déjeuner inclus)
Le refuge Fontaine Couture : un gite d’étape 3 épis labelisé « Valeur Parc » pouvant accueillir Jusqu’à 8 personnes (chambre double, triple ou dortoir avec sanitaires et espaces communs). Cyclistes bienvenus.. Tarif : 45€ pour une personne, 70€ pour 2 personnes, 40€ par personne supplémentaire (hors petit-déjeuner : 7€)
Le gite Biclycl’home Chez Marie : une maisonnette pour 4 personnes. Tarif ; à partir de 85€ / nuit (hors frais de service Airbnb) avec un minimum de 2 nuits. Vélos à disposition. (disponible sur Airbnb)
Gite le 5, au cœur du Vexin : un appartement indépendant pouvant accueillir 4 personnes, dans un vaste jardin arboré. Tarif : à partir de 95€ / nuit (hors frais de ménage et de service Airbnb) avec un minimum de 2 nuits. (disponible sur Airbnb)