A Auvers-sur-Oise, les ateliers Boggio vous attendent pour une visite pas comme les autres.
Deux ateliers – Deux époques – Deux artistes
Une famille – Une villa – Un jardin
Dans une petite rue tranquille, blottis au fond d’un jardin ombragé empreint de sérénité, les ateliers Boggio, labellisés « Maisons des Illustres », sont ouverts au public depuis 2017. Un pied dans le passé, l’autre résolument ancré dans le présent, c’est reçu dans sa maison familiale par Xavier Boggio, artiste peintre et sculpteur, et arrière petit neveu du peintre impressionniste Emile Boggio, que le visiteur fera un voyage au travers de l’univers de ces deux générations d’artistes séparées par un siècle et demi d’histoire.
Emile Boggio, peintre post-impressionniste et photographe
La maison-atelier, alors appelée « Villa Rustique », fût acquise en 1910 par le peintre Emile Boggio, peu reconnu de son vivant, malgré sa participation à de nombreuses expositions et plusieurs prix et médailles remportés lors des Expositions Universelles de Paris. Aujourd’hui encore souvent méconnu… Pourtant la qualité de ses toiles n’a rien à envier aux plus grands, ceux qui sont passés à la postérité et qu’il a tous côtoyés : Pissarro, Renoir, Monet…
Guidé par Xavier Boggio qui nous retrace avec respect et passion la vie et l’œuvre de son aïeul, on découvre avec délectation, comme figés dans le temps à l’étage de la maison, l’atelier et la chambre du peintre, tapissés de ses nombreuses toiles et décorés d’un magnifique mobilier Art Nouveau d’origine.
Emile Boggio voit le jour à Caracas en 1857, dans un milieu aisé. Né d’un père italien et d’une mère vénézuélienne aux origines franco-espagnoles. A l’âge de cinq ans, il rejoint la France avec ses parents venus s’installer à Enghien-les-Bains pour développer leurs affaires commerciales.
En 1878, Il découvre l’art pictural français du 19e siècle lors de l’exposition universelle. Totalement séduit, il intègre peu après l’Académie Julian à Paris pour y étudier la peinture auprès de Jean-Paul Laurens. En 1887, il reçoit sa première récompense au Salon des Artistes Français où il obtient une mention honorable. Deux ans plus tard il reçoit la médaille de bronze à l’Exposition Universelle de Paris.
En 1899, il fait l’acquisition de sa première maison-atelier à Vaux-sur-Seine. Il y peindra une série de tableaux dite de « la Grande Rue ». Agustina Dehay, un modèle qu’il a épousé en 1901, conservera cette demeure après leur divorce l’année suivante.
En 1900, c’est cette fois la médaille d’argent qui lui est décernée à l’Exposition Universelle. A cette même époque, il commence à fréquenter les mêmes salons que ses amis impressionnistes. Sa peinture sera par ailleurs influencée par celle de Van Gogh, mais aussi par celle de son ami Henri Martin.
De 1907 à 1909, en voyage sur les terres de ses ancêtres en Italie, il peindra plusieurs paysages de bord de mer sur la côte ligurienne.
Un peintre, mais pas que… Toute sa vie durant, en parallèle de sa carrière de peintre, Emile Boggio a voué une véritable passion à la photographie. En témoignent les nombreux clichés que l’on peut découvrir en parcourant les lieux. Peinture, photographie, les deux viennent s’entremêler, se compléter…
Emile Boggio est un homme qui témoigne par son art de son époque, en pleine évolution. Au travers de son travail, Il s’intéresse tant à la vie des campagnes, qu’à l’émergence de la classe ouvrière et aux progrès qui marquent son temps. Les sources d’inspiration sont nombreuses. Paysages, portraits, rien que dans son atelier d’Auvers, il réalisera plus de 400 tableaux.
Il décèdera en 1920 et reposera au cimetière d’Auvers, non loin des tombes de Vincent et de Théo Van Gogh.
Si aujourd’hui encore, seule une part infime de son travail est exposée en France en dehors de cet atelier – quelques œuvres sont visibles au Musée Daubigny à Auvers, au Musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq à l’Isle-Adam, au Musée Tavet-Delacour à Pontoise, au Musée d’Orsay et au Centre Pompidou à Paris – Emile Boggio a connu, de son vivant et après sa mort, un bien plus grand succès dans son pays natal, le Venezuela, dans lequel il est retourné à de multiples occasions. Considéré là-bas comme un pionnier du post-impressionnisme, il a initié et influencé de nombreux artistes locaux tels qu’Armando Reverón. Un an avant sa mort, cinquante-trois de ses tableaux ont été exposés à l’Université Centrale de Caracas. Depuis 1973 un musée lui est même consacré dans la capitale vénézuélienne.
La maison, les ateliers
A sa mort, c’est sa gouvernante et amie, Elida Dupuis qui rachètera la maison d’Auvers, qu’elle prendra soin de conserver en l’état. Héritière de la totalité de l’œuvre de Boggio, elle se consacrera jusqu’à sa mort à faire reconnaître son travail.
Son légataire universel, Edouard Boggio, neveu d’Emile et grand-père de Xavier, s’installera à Auvers en 1953. Vingt ans plus tard, ce sera au tour des parents de Xavier Boggio d’occuper les lieux, avant que ce dernier ne s’y établisse en 1989.
En 2015, il entreprend de grands travaux de rénovation de la maison, autofinancés et réalisés de ses mains, afin de pouvoir ouvrir les lieux au public et avec la volonté de conserver leur âme impressionniste, tout en les ouvrant à l’art contemporain.
Xavier Boggio, un artiste qui voit en grand
Artiste contemporain dans l’âme, Xavier Boggio a installé son atelier au rez-de chaussée de la maison. Il joue depuis une quarantaine d’années sur différents tableaux, alternant et parfois combinant son appétence pour la sculpture et la peinture, avec une prédilection pour l’utilisation de matériaux modernes tels que le béton et la résine. Artiste prolifique, c’est de manière quasi obsessionnelle qu’il a pris pour habitude de travailler par séries, se fixant chaque fois des défis monumentaux. En 2008, pour sa série de tableaux « 366 », il composa ainsi une œuvre par jour pendant un an.
Actuellement, il travaille à la réalisation d’une série de 1000 stèles en résine intitulée « Les Gens ». Débutée il y a cinq ans, elle compte déjà un peu plus de 400 pièces. Ces créations verticales, dont les dimensions sont toutes identiques alors que chaque sujet est différent, se veulent en quelque sorte, au travers de 1000 figures anthropomorphes, le reflet de la société. Avec leurs attitudes et leurs postures variées, par les jeux des couleurs et des motifs, chacun des personnages nous raconte son histoire propre et se dévoile de face mais aussi de dos, grâce à la transparence qu’offre la résine.
Le parcours artistique se poursuit dans le jardin intimiste de la villa, où l’on retrouve, harmonieusement intégrées au décor végétal, quelques-unes des œuvres de Xavier Boggio, tirées de précédentes séries, les Culbutos et les Gouttes.
Envie de découvrir ce lieu unique ?
Qui pourrait vous en parler mieux que Xavier Boggio lui-même ?
Amateurs d’art ou simples curieux, n’hésitez pas à franchir les portes des ateliers, vous serez très chaleureusement reçus par ce passionné aussi avide de vous présenter son travail qu’intarissable sur celui de son aïeul !
Les ateliers Boggio vous accueillent en saison, les samedis et dimanches de 14h à 18h30.
47 rue Emile Boggio 95430 Auvers sur Oise
06 10 33 24 71