Wy dit-Joli-Village « le village est joli, mais l’enfer est proche »

Que peut bien se cacher derrière cette accroche étonnante me direz-vous ?

Et bien, « Lepidus vicus ac infernus vicinus » qui signifie littéralement « le village est joli, mais l’enfer est proche », n’est rien d’autre que la devise de Wy-dit-Joli-Village. Et si l’on y parle ici d’enfer, ce n’est vraisemblablement qu’un clin d’œil au hameau d’Enfer, distant d’à peine 3 kilomètres qui fait lui aussi partie de la commune.


Constitué du village de Wy, des hameaux d’Enfer et d’Hazeville, Wy-dit-Joli-Village est une petite commune rurale de 330 habitants nichée dans la vallée de l’Aubette de Meulan.

Wy vient du mot latin « vicus » (village), qui a donné leur nom à ses habitants, les Vicusiens et Vicusiennes. Une légende attribue quant à elle la paternité du nom composé que nous lui connaissons, à une réplique d’Henri IV. Egaré après une partie de chasse, le carrosse de ce dernier, accompagné de sa maitresse Gabrielle d’Estrée, se serait embourbé dans les ruelles mal pavées de Wy. Après s’être enquis du nom des lieux auprès d’un paysan, il se serait – ironiquement ? – exclamé « Wy ? Mais quel joli village ! ». Et voici comment Wy est devenu Wy-dit-Joli-Village !

On pourrait également se questionner quant à l‘étymologie du nom du hameau d’Enfer. Mais que lui a valu d’être nommé ainsi ? Une première hypothèse voudrait qu’il découle du terme latin « inferi », utilisé aussi bien pour désigner les Enfers, que pour indiquer un positionnement géographique en contrebas d’un autre point. Ce qui pourrait en effet s’appliquer à sa localisation au pied des buttes de la forêt d’Arthies. On y vit encore, sans grande conviction, un lien avec un certain Johannes de Inferno dont le nom est apparu dans quelques documents datés du XIIIe siècle. Enfin, une légende aujourd’hui réfutée, voudrait que le théologien réformateur Calvin ait séjourné au château d’Hazeville, ayant propagé à l’occasion le protestantisme parmi les habitants du hameau que les villageois catholiques de Wy auraient alors dénommé Enfer. Si ces théories ne sont pas confirmées, il est cependant attesté que le culte protestant fut bien célébré à Enfer, où l’on peut encore voir les modestes vestiges d’un cimetière huguenot.

Enfer n’est aujourd’hui plus qu’un paisible hameau fleuri en lisière de la forêt, où l’on entend chanter les oiseaux. Alors Enfer ou paradis ? Je vous laisse en juger…

A quelques encablures à peine, on peut apercevoir le Manoir d’Hazeville, bâti en 1560 dans un style Renaissance, et dont les commanditaires, les Lefebvre, seigneurs d’Hazeville, ont par la suite adopté le nom. Au XIXe siècle, il a appartenu au premier architecte de l’Empire, Pierre-François-Léonard Fontaine, connu pour ses nombreuses réalisations et restaurations pour les plus grands monuments de la capitale (Louvre, Palais Royal, Elysée, Tuileries…) et en dehors (château de Malmaison, domaine de Saint Cloud, Versailles, Fontainebleau…). Dans la continuité du manoir se trouve une vaste cour rectangulaire ceinte de bâtiments de ferme, au centre de laquelle trône un grand pigeonnier. Le domaine du château d’Hazeville accueille à présent mariages et séminaires.

Mais retournons au village de Wy.

Vestiges et découvertes y témoignent d’une occupation très ancienne.

Le Musée Archéologique Départemental de Guiry-en-Vexin compte notamment parmi ses collections des outils du Néolithique, des pièces de monnaie, poteries et tessons de l’époque gallo-romaine retrouvés à Wy.

On y a encore découvert des sarcophages et squelettes mérovingiens, des fours à chaux et un ensemble de plusieurs fours culinaires à usage collectif datant du XIe siècle. Néanmoins, le plus beau résultat des fouilles réalisées à Wy reste pour moi le remarquable système balnéaire gallo-romain dont l’hypocauste (système de chauffage par le sol) et les trois salles (caldarium, tepidarium et frigidarium) sont visibles au Musée de l’Outil de Wy (ce dernier fera prochainement l’objet d’un article spécifique mais voici quelques photos en avant-goût).

Un personnage en particulier a marqué de son empreinte la commune ; son saint patron, Saint-Romain, dont on a accolé le nom à celui de nombreux lieux et édifices du village (rue, source, lavoir, église…).

Saint-Romain est né à Wy en 585, au château des Rochettes depuis disparu. Evêque de Rouen de 626 à 639, on lui attribue de nombreux miracles, en tout premier lieu sa naissance puisque sa mère ne pouvait pas avoir d’enfants. C’est alors qu’apparût à son père un ange venu lui annoncer la naissance d’un fils, Romain. Les croyances veulent de surcroît que Saint-Romain ait terrassé un dragon qui semait la terreur parmi les pauvres villageois de Rouen. C’est sous cette figure valeureuse de sauveur qu’il est d’ailleurs représenté sur le blason de Wy. Il serait également à l’origine de la source qui porte son nom à l’entrée du village, devenue depuis lieu de pèlerinage sur lequel chaque année encore, au mois d’octobre, se rend une procession. A la fin de la cérémonie, une statue de bois du saint est immergée dans les eaux aux vertus miraculeuses de la fontaine – réputées soigner les rhumes récalcitrants et les yeux – puis bénie. La coutume voulait aussi qu’on y célèbre la Saint-Jean ; les villageois repartant avec un morceau de tison censé protéger les maisons de l’orage et de la grêle.

Rassemblés autour de la source, le promeneur peut aujourd’hui tout à la fois contempler un lavoir et un pédiluve, dominés par une statue de Saint-Romain réalisée par l’abbé Dheilly de Genainville, et érigée en 1858. Non loin de là, le long du ru de Guiry, se trouvent dissimulées dans la végétation, les ruines d’un ancien moulin à eau.

Fondée par Saint-Romain en 625, l’Eglise Notre-Dame et Saint-Romain a été édifiée entre le XIe et le XIIIe siècle. Remaniée à plusieurs reprises au fil du temps, notamment après la reconstruction de son clocher qui s’était effondré en 1682, emportant avec lui une partie de la chapelle sud, elle présente un mélange de différents styles architecturaux, mêlant roman et gothique flamboyant. Devant l’entrée, on peut voir un calvaire du XVe siècle.

Le sentier du patrimoine du village mène par ailleurs à la découverte des charmantes sentes et ruelles qui le sillonnent.

Derrière les hauts murs de pierre qui encadrent les rues principales, on devine les imposantes fermes qui ont marqué le passé agricole du village. Puis, un peu plus loin, c’est l’ancienne gare de Wy-dit-Joli-Village – Guiry, transformée en habitation privée. Difficile à imaginer aujourd’hui, mais le « tacot » a circulé ici sur la ligne Meulan-Sagy-Magny, exploitée par le Compagnie des Chemins de fer de Grande Banlieue pour le transport des marchandises et des voyageurs entre 1913 et 1949.

Puis enfin le regard peut embraser les paysages des vastes plaines agricoles… point de départ pour de nouvelles randonnées.


Parcourir le sentier du patrimoine de Wy-dit-Joli-Village

Téléchargez ici la fiche du parcours.

Visiter le Musée de l’Outil et son Jardin Remarquable

Le musée est ouvert toute l’année, à l’exclusion des 25 décembre et 1er janvier.

  • De 13 h à 17 h 30 du mercredi au vendredi.
  • De 13 h à 18 h le samedi, le dimanche et les jours fériés.

Gratuit pour tous.

Plus d’infos sur le site du musée.

Se régaler et découvrir le monde des abeilles aux Ruchers du Vexin

Au hameau d’Hazeville, vente de miels, pains d’épices, nougat et propolis chez l’apiculteur les samedis et dimanches matin.

Possibilité de journées découvertes de la ruche pour les particuliers (en saison). Consulter le site des Ruchers du Vexin.

Séjourner à Wy-dit-Joli-Village

Se réunir pour un mariage ou un séminaire au Château d’Hazeville

Pour plus d’infos, consulter le site du Château.


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